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Katie, à l'Ombre des Mots Songeurs

Poésie entre vie, couleurs et lumières, entre mes ratures et mes baz'Arts

l'histoire de rature rainbow

Les leçons du plaisir

Publié le 30 Avril 2023 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

   Les leçons du plaisir

 

  Des blessures indélébiles. Voilà ce que sont devenus mes deux grands chagrins d'enfant.

 

  Le premier, il date du jour où l'on m'a coupée de mes racines, mon cœur de trois ans embarqué dans une valise ficelée à la hâte. Destination, l'exode et ses inconnues.

 

  Je ressens encore aujourd'hui, au soir de ma vie, le goût puissant d'un manque béant qui n'a cessé de s'élargir avec le temps. Le manque cruel d'un paradis englouti à jamais, où tout est resté à découvrir. Mon Atlantide nimbé d'idéal.

 

  Le second chagrin, trois ans plus tard, plus sournois, s'est insinué sans crier gare, creusant ses sillons puissants dans mon argile tendre, dont je n'aurais de cesse tout le restant de ma vie, de la façonner avec les bribes rescapées de cet effroyable naufrage. Tel le goutte-à-goutte de l'eau créant les stalagmites qui montent vers l'espoir, et les stalactites qui en tombent en se cassant la figure.

 

  Au début, ce chagrin-là n'était que du plaisir pur. J'avais appris à lire. Et cela m'ouvrait des territoires insoupçonnés où s'engouffrait voracement mon insatiable curiosité.

 

  Ah, que j'étais fière, ce jour-là, du trésor enfoui dans mon cartable. C'était le plus beau des livres que j'avais jamais tenu entre les mains. Ma maîtresse d'école, à qui ma frustration n'avait sans doute pas échappée, m'avait gentiment proposé de l'emporter, afin que je puisse terminer ma lecture à la maison.

 

  Je me revois, intimidée, le faisant tourner dans tous les sens, émerveillée par sa couverture cartonnée et glacée qui brillait sous la lumière. C'est comme si j'avais rapporté un peu du sanctuaire de l'école à la maison. Il y avait un silence religieux dans l'air autour de la table de mon goûter...

 

  Il fut mon premier livre, ma première vraie lecture. Celle qui, au travers des mésaventures cruelles d'une famille de lapins heureux, me délivra le message le plus important du monde : celui de notre fragilité et de notre fugacité sur Terre.

 

  Souvent, je me demande si je me serais construite autrement plus solide, sans cette vulnérabilité qui m'a engoncée toute ma vie, si j'avais appris notre finalité d'une manière moins abrupte.

 

  Car quoi de plus cruel que d'apprendre, à travers la voie d'un plaisir immense que l'on est en train de découvrir, que la destinée heureuse que l'on croyait éternelle, n'est en fait qu'une trace infime sur la mer. La destinée tragique de l'être humain, prenant parfois les traits d'une histoire pour enfants, où l'aigle surgit de nulle part, s'abat et emporte entre ses serres acérées le petit dernier de la fratrie lapinou – car il a, lui aussi, une famille à nourrir.

 

  Découvrir tout d'un coup, et la vie et la mort, et la dure réalité de la chaîne alimentaire dont dépend la survie des espèces, et accepter le flot continu des questions qui désormais ne s'arrêtera plus ; il faut parfois toute une vie pour digérer la situation, en traitant l'existence avec les égards qu'elle ne mérite pas toujours.

 

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Un portrait qui en dit long

Publié le 29 Janvier 2023 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

   Un portrait qui en dit long

 

   Planqué tout en haut d'une tour, au numéro 12 de la rue des Étoiles, son refuge est fait de murs en verre traversé de nuit et d'aurores boréales. De lourdes tentures aux couleurs chatoyantes ombrent les ardeurs du soleil au plus chaud de l'été. Sur le toit, une girouette titube, comme si elle tentait de se soustraire à l'attraction polaire qui l'enserre dans ses filets.

 

   De la ville en bas montent des clameurs océanes. Elles pleurent parfois à son oreille assourdie de tempêtes chagrines et de gros grains.

 

   C'est là, dans ce havre de paix factice, que parfois, lorsque un halo de pitié sincère l'entoure enfin de ses bras, elle se laisse aller au monde, rêvant de nonchalance sans fin et de paix pour l'éternité.

 

   Oblongue, éthérée, pliée en deux sur sa douleur tenace, elle respire en haletant comme un jour sans fin. Sous sa peau tendre et diaphane se devine un réseau bleu de veines minuscules qui palpite à tout-va les jour de grands émois. Au creux de sa poitrine, un tambour-fantôme bat la chamade. Un chant d'apocalypse finit par s'emmêler dans les fils d'or de ses longs cheveux défaits.

 

   Dans ses yeux, où un ciel en chamaille a pleuré en silence, une mélancolie étrange, pailletée d'étincelles fugaces alanguit le regard baigné de mémoire.

 

   Bientôt, elle ne sait ni où ni quand, telle la fumée emportée par les vents, libre enfin de courir sur l'horizon, elle s'enfuira...

 

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La nuit des Perséides

Publié le 15 Août 2022 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

    La nuit des Perséides

 

 

Une nuit électrique polluée de lumière et de lune trop pleine

les pensées embrasées de mille feux filent au ciel

où des brassées d'étoiles vaquent aux rêves

 

… … …

 

Il y avait Rain Man

il y a rainette

moi c'est Rainbow

née un soir de pluie dans une flaque d'eau

au milieu de couleurs à en perdre haleine

 

J'y ai gagné le verbe...

un sourire de guingois et un port de reine

 

Par hasard l'Angélus sonnait son heure de gloire

dans l'ombre épaisse et confuse du grimoire

je me fis sémaphore de prières anciennes

tricotant mon histoire de mailles bohémiennes

ballottées un coup à l'envers un coup à l'étroit

mon conte de fées bien serré à l'endroit

 

 

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L'angoisse aux trousses

Publié le 15 Avril 2022 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

    L'angoisse aux trousses

 

 

Difficile de conserver l'équilibre sur la crête étroite de la vie. Entre les angoisses du passé, et celles qui courent sur la ligne d'horizon, il faut veiller constamment à ne pas tomber dans l'abîme.

 

J'y parviens plutôt bien, préservant l'esprit sain sans recours à aucun artifice chimique. Pour le corps, c'est différent. Je somatise à qui-mieux-mieux. Les mille bobos qui m'assaillent continuellement sont comme des empêcheurs de penser à d'autres choses.

Je soupçonne la peur d'être derrière toutes ces simagrées, histoire de me faire croire que je ne mérite pas le meilleur...

Il faut bien en convenir, avec l'âge je deviens de plus en plus hypocondriaque. La moindre douleur incongrue, et hop... je pense aussitôt à une maladie grave. Heureusement, je n'en suis pas encore arrivée au point de sonner chez le médecin chaque matin.

 

Sinon, la vie dans mon jardin est belle. Un peu tordue parfois, quand la nostalgie s'en mêle, un peu distendue entre tous les manques qu'il faut apprendre à ne plus chercher à combler, à ne plus pleurer, mais belle quand même...  De cette beauté farouche un peu pincée au cœur qui coupe le souffle et plie en deux...

 

 

 

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Le temps délicieux des prémices

Publié le 24 Mars 2022 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

    Le temps délicieux des prémices

 

À cogiter les jours d'espérance folle...

 

 

J'ai beau me tenir éloignée des claviers, occupée à des tâches autrement agréables, au bout d'un moment la plume me grattouille. Enfin, quand je dis la plume, c'est plutôt le grabuge qui règne tout là-haut dans ma tête qui titille mon envie de mots écrits, de mots laissés-aller, de mots raconteurs d'une histoire qui sans cesse m'échappe, rebondit et m'aguiche, avec à la fois son mystère et ses feux d'artifices.

 

Qu'il est bon ce premier temps d'envolée où les pensées mollissant se fondent dans un flou moelleux à souhait, à nul autre pareil. L'impression du tout possible qui alors se dégage ne dure qu'un instant, dans lequel je succombe pour me réveiller plus démunie encore que je ne l'étais dans l'heure d'avant.

 

Tels les prémices d'un jeu amoureux que l'habitude viendra éteindre dès la passion assouvie.

 

Là réside peut-être le nœud de mon histoire : ne jamais aboutir complètement pour pouvoir recommencer à l'infini ce jeu du chat qui lâche sa souris à peine prise, pour pouvoir continuer à se pâmer dès lors qu'il croit la tenir serrée dans sa petite gueule d'amour, et que tout se délite prestement le laissant affamé des délices rêvés...

 

 

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C'est mieux que pire

Publié le 7 Mars 2022 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

    C'est mieux que pire

 

C'est mieux que pire, est la politique du moment.

 

Entendons-nous bien, il ne s'agit pas de la politique pure et dure, celle qui gère les pays, les sociétés, celle qui ne donne qu'aux riches en oubliant le partage équitable des richesses de la Terre, celle qui s'arroge le droit de tuer son frère humain sans soulever de haut-le-cœur, ni de révolte qui anéantirait d'un coup de maître toute cette chienlit ...

 

Non, il ne s'agit ici que de politique ultra confidentielle, mise en œuvre pour accepter de se lever chaque matin avec l'envie d'aller jusqu'au bout.

 

Creuser la vie en égocentrique devient alors un mode sans violence affichée, pour survivre encore un peu le sourire aux lèvres...

 

Ainsi, se dire qu'il vaut mieux être vieux supportant ses histoires de vieux qui a vu défiler sa vie comme un éclair, que jeune et souffrant, alité pour toujours dans une chambre d'hôpital.

 

Se dire encore, qu'il vaut mieux avoir une famille heureuse vivant trop loin, et qu'on voit trop peu, que pas de famille du tout. Se dire et se répéter jusqu'à la lie, qu'il faudrait s'arrêter de rêver à un mélange intergénérationnel joyeux et enrichissant qui n'existera jamais.

 

Se dire que, non, le destin ne s'acharne pas toujours sur une même personne. Ce n'est qu'un hasard si ma vie a toujours été faite de séparations d'avec les gens que j'aime et qui m'aiment, et qu'il serait malvenu de me plaindre alors que, les neurones dans un relatif bon état, je suis toujours campée sur mes deux jambes, libre de faire ce qu'il me plaît, de disposer de chaque heure, chaque seconde de mes jours.

 

Se répéter à l'infini, comme pour mieux y croire, que je n'ai pas le droit de m'apitoyer sur mon sort alors que tant de gens vivent des moments autrement tragiques.

 

Se le répéter et s'en convaincre. Voilà qui n'est pas le pire des karmas.

 

Demain, je vous parlerai de la lassitude à toujours se répéter en boucle...

 

 

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Les raisons de la colère

Publié le 10 Février 2022 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

    Les raisons de la colère

 

Jusqu'à présent on connaissait la fin inéluctable qui attend chaque être vivant depuis le jour où il naît au monde. Mais on l'occultait souvent, car c'était la seule façon de vivre, de continuer à avancer. Même si au fond cela générait d'incroyables angoisses, menant parfois aux pires extrêmes, il suffisait d'un ou deux clignements de paupières pour repousser plus ou moins gentiment cette évidence dans le coin le plus reculé de notre conscient.

 

Mais depuis deux ans comment la cacher, on nous la martèle sans cesse. Sans cesse, comme un jeu de télé-réalité malsaine, plusieurs fois par jour on fait entrer dans chaque foyer l'évidence de la mort avec son cortège de souffrances.

 

Comment échapper alors à cette ambiance anxiogène, cultivée avec les plus grands soins par ceux à qui cela profite, sans sombrer dans un complotisme aussi ravageur que les anti-tout ?

 

Quelles sont les conditions requises pour continuer à survivre sans avoir envie de se tirer une balle dans la tête à chaque nouveau jour qui se lève ?

 

Pour ma part, je lutte pieds et poings liés contre toutes les addictions qui se présentent pour me faire oublier ce que je n'arrive pas à oublier. Mon corps somatise à fond, devient le champ de montagnes russes, d'où je ne parviens toujours pas à retrancher mon nom.

 

J'enchaîne les exercices de respirations, d'auto-persuasions positives, de fuites dans les passions enfantines qui me mènent toutes vers le néant.

 

Je porte à bout de bras la volonté de croire, d'espérer encore, mais je tremble et suffoque trop souvent malgré tout...

 

 

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Mon narguilé

Publié le 18 Janvier 2022 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

   à l'écoute : Cyndi Lauper - Time after time    

 

    Mon narguilé (29/12/2020)

 

 

   De toutes les années, 2016 fut la plus folle, la plus prolixe. La vie pleine me frappait alors de ses couleurs vivaces. Je n'en avais pas tout à fait conscience...

 

   Le trop-plein d'un tout m'arrivait par vagues entières, ressac attendrissant.

 

   Mon merci infini à toutes ces pages écrites, ces lettres alignées, ces phrases zéro limite. Grâce à elles je relis et les souvenirs remontent aussi clairs que vécus ces jours enfuis.

 

   Pour cette même raison j'aime les images capturées dans un réflexe fou : celui de m'emparer du merveilleux qui nimbe l'instant. Comme s'il m'était possible de figer pour l'éternité la sensation vertigineuse, voire délicieusement douloureuse, qui m'étreint le cœur pendant un laps de temps hors du temps.

 

   Je lis, j'écris, je chante et je vole des images au ciel. Mon bonheur est fait de choses simples. Ma douleur, elle, puise au-delà.

 

   Cristallisée au creux des larmes, je cherche en vain dans le miroir sans fond pourquoi autant de peine m'étreint le cœur et pétrit ma chair.

 

   Remontent de temps immémoriaux des échos qui font vibrer ma mémoire et ce sentiment indéfectible de culpabilité. Je suis un maillon au bout d'une si longue chaîne née de l'argile et mon humanité est tant de fois blessée, par moi, par les autres...

 

   Mon histoire est un grain de sable s'émouvant dans l'éternité.

 

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Vœux d'avenir

Publié le 6 Janvier 2022 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

    Vœux d'avenir

 

J'en veux au monde entier de me pousser à écrire comme je ne suis pas, de me soumettre à ses diktats.

 

Je m'en veux surtout à moi, lorsque je penche la tête gueule ouverte, attentive au désir de l'autre, et prête, pour le satisfaire, à retenir mes envolées débridées dans un élan qui me détruit inexorablement.

 

Résultat de tout ce pataquès, je noie mon authenticité comme autant de petits chats lâchement assassinés dans un des recoins sombres d'une grange abandonnée. Mes états d'âme, alors, deviennent monstres à cacher sous le lit, condamnés à m'étouffer dans le jour vagissant, et à m'agiter comme un spectre enroué dans la nuit...

 

Je veux reprendre mon souffle à la houle qui déferle sur une grève usée et salie.

Je veux ne plus entendre les avis qui m'éreintent et continuer à boire dans les creux de mes nuits bordées de nuages effrayés sans rendre le moindre compte à personne.

 

Je rêve d'apocalypse intime défrayant sans un bruit les rictus de connivence.

Je rêve d'aléas délacés par une douce étreinte familière faite de mille baisers, et tant pis si je suis la seule à me comprendre...

 

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Racines et nausées

Publié le 4 Décembre 2021 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

    Racines et nausées

 

Ô, vertige...

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Atrophiées, mes racines évanescentes n'ont de cesse de s'époumoner pour retrouver le fatras, le sol et l'humus de leur terre natale.

.

Là, où de maigres souvenirs éparpillés rabâchent mon histoire à en pleurer, il ne me reste que le verbe à ressasser et la nuit pour lustrer la lumière.

.

Maman, j'ai le mal de ceux auxquels je ne me suis pas frottée.

Chaque jour un peu plus, je me brûle au manque de leurs caresses, et dans un cri béant qui m'étouffe, j'embrasse de toute mon âme leurs poussières éparpillées par le vent...

 

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