Petite et longtemps après, je détestais le flamenco. Comme je détestais quasiment tout ce qui touchait à mes origines, la langue, la musique, les gens, les couleurs, les odeurs... Tout me faisait horreur.
Peut-être faut-il être déraciné pour comprendre ce sentiment.
Aujourd’hui, entendre du flamenco réveille le souvenir de mes parents qui adoraient la musique.
Je me souviens de ces dimanche après manger où la radio à fond ils dansaient des tangos et autre paso doble langoureux devant nous, leurs quatre mioches admiratifs. J'ai d’ailleurs longtemps assimilé l'amour à cette image de couple passionné et virevoltant.
Mais avec le flamenco, c'était une toute autre flamme qui s’allumait dans leurs yeux, comme pour consumer l’insupportable nostalgie avant de se noyer au fond des larmes pudiquement retenues.
Depuis, j’ai appris que la nostalgie de la jeunesse se cultive quelque que soit le pays d’où l’on vient, mais j’ai encore une boule énorme dans la gorge en écoutant ces chants barbares.