L'occasion est trop belle pour refuser cet appel du pied de ma plume prise de frénésie. Elle qui va me délester de quelques pensées en vrac pesant leur poids de brouillard et d'ombres au creux des jours qui s'écoulent.
Écrire encore ou me taire à jamais, ainsi se dessine mon incertitude bercée par la valse d'une nuit ample dans sa robe de lune.
La magie d'un trait de plume exsangue rayant le bleu du ciel, et le tableau vide efface l'odeur de la craie.
Dans la bataille de mots emmaillotés d'encre pour taire le silence, mordue ma langue, j'ai mal...
La peur du vide, et sur l'eau mon pas mal assuré glisse et me blesse, lorsque soudain une vague à l'âme à huis-clos en spirale m'emporte. Au fer rougi de ma langue, à sa racine la douleur prend feu.
Vers où tourner mes prières quand le ciel se couvre de poussières ?
La musique en sourdine vient d'une boîte vide de sardines.
La vie se détricote, une maille à l'endroit, une maille à l'envers.
L'essentiel, c'est de souffler doux, pour laisser une chance à l'enfant qui dort au fond de ma mémoire...
Dans mes cartons pleins, du vide, encore du vide...
Seule au monde, ma maison n'a pas de toi.
Dans le meilleur des vins traîne l'odeur du vinaigre et des regrets.
Gris, la couleur du flou par excellence...
C'est quoi la perfection, quand le parfait n'existe pas ?
Au soleil de midi, l'ombre blanche épouse l'ombre noire. Ainsi naît l'enfant roi...
Je veux chanter comme les oiseaux chantent, sans me soucier de qui entend ou de ce qu'ils en pensent
Djalâl ad-Dîn Rûmî
Dédié à V. en remerciements pour tes encouragements et tes gentils mots (en attendant de retrouver le chemin de ma messagerie ;)
La gypsophile et l'échinacée, ou le langage des fleurs
Ai-je déjà expliqué comment naissent les trois-quarts de mes textes ?
Eh bien, je me lève le matin avec trois mots qui se sont mis à tourner dans ma tête à peine les yeux entrouverts, quand je devine la lumière du jour derrière les volets clos.
C'est dans un état second que je sors de mon lit, poussée par une urgence qui ne supporterait pas une trop longue attente.
À l'intérieur, c'est une incroyable dégoulinade de douceur qui s'écoule dans mes veines, nuancée d'une légère euphorie qui ose à peine pointer son nez et encore moins se livrer aux entrechats d'allégresse susurrés par une joie folle, presque enfantine, qui danse la nouba en fond d'émoi.
Heureusement, une petite fée nommée raison-garder veille dans l'ombre.
Hop, rien ne vaut une gentille tape sur le bout des doigts de tout ce petit monde, pour modérer l'élan d'enthousiasme qui s'était mis à flamber, et pour que baisse aussitôt un aveugle et vif emballement qui risquerait de gâcher la fête.
Arrive alors un calme qui n'a rien de mon calme habituel. Je ne m'en aperçois que passé un certain délai. Ce calme m'est familier et en même temps il est quasiment surnaturel, avec la très nette sensation qu'une autre moi, un peu foldingue et qui ne doute de rien, s'est glissée hors de ma peau pour prendre la direction de la manœuvre.
J'assiste au spectacle avec de la gratitude plein les yeux et plein l'âme, envoûtée sur ma chaise qu'il ne me viendrait pas à l'idée de quitter.
Là, pendant que j'ai l'impression si tenace de tenir le vrai bonheur dans mes bras, se joue la plus belle des scènes à laquelle je n'ai jamais de toute ma vie assisté. Les mots vont, viennent, glissent, chantent, se percutent, s'emmêlent et achèvent leur union sacrée dans un entrelacs de phrases qui finiront par trouver leur place allouée par le destin, dans un enchantement qui me procure une rare jouissance.
Heureusement, le temps de réunifier mes deux moi se fait en pente douce. En même temps que je réintègre la réalité je me réapproprie le salutaire bon-sens qui me caractérise. Le constat est simple : le raz-de-marée émotionnel qui m'a submergé m'apportant sa dose de plaisir immense n'est rien d'autre qu'un cadeau de mon ange gardien qui tient, de temps en temps, à me procurer la joie de planer sans avoir besoin d'aucune substance illicite.
Si je persiste et signe encore et toujours à reprendre la plume et à me noyer dans l'encrier, c'est que je suis à la recherche de ce plaisir intense à peine pris et aussitôt perdu...
NB : dans mon bouquet fleuri, la gypsophile est synonyme de bonheur, l'échinacée, quant à elle, accroit tous les charmes et les sortilèges, la fleur de pissenlit comme symbole de la lutte victorieuse au travers des défis de la vie (d'autres l'utilisent comme rappel de la puissance du soleil), et le bleu céanothe pour la sérénité... ^^