Publié le 30 Avril 2020
par Katie à l'ombre des mots songeurs
dansinstantanés
Il était une fois, un petit merle tombé du nid...
... qui se faufilait en trottinant sous les arbustes...
... les yeux grands écarquillés...
... de peur et de curiosité mêlés...
... le duvet ébouriffé, derrière les feuillages il tentait de se dissimuler...
... avec des tout petits cris malgré son bec large ouvert, il appelait désespérément ses parents.
Tout est bien qui finit bien, un beau merle noir au bec jaune orangé est arrivé de je-ne-sais-où, a déposé une offrande devant merlito et tous deux se sont précipités sous les feuillages. Je me suis éclipsée en douce, histoire de ne pas les déranger, mais je reste curieuse toutefois de savoir comment le sauvetage s'est organisé
Et moi j'ai souvent mal à l'écriture. Mal aux mots qui se sont mis à consigner dans un geste banal, et qui m'entraînent si souvent dans leur défaite. Mal à ajuster leurs interstices pour faire battre les cœurs du monde à l'unisson d'un moi épidermique.
Par peur que les mots déraillent, qu'ils m'engloutissent jusqu'au bout de la nuit, tremblante au bord du précipice je reste le plus souvent bras ballants, bouche bée suspendue en point d'interrogation, cherchant des brins de réponse dans l'écho du vent.
Figée vive dans l'im-posture, ma souffrance me laisse sans voix. Je réponds par le silence aux mots amis. Une force invincible retient mes phrases et m'éloigne de tous ceux que je pourrais aimer, que j'aime déjà...
Aimer, c'est la peur de perdre qui s'accepte avec toute l'immensité de son drame. Je ne suis pas en mesure d'affranchir cette peur. Ou alors si mal.
J'ai surmonté bien des craintes pourtant, mais celle du vide m'étreint plus que de raison...
Je vis le dramatique par anticipation. Les larmes habillées de deuil, je greffe mon imaginaire qui exacerbe l'abandon. Je préfère les jours flous, quand je surnage sur la richesse de l'onde mise en abyme, n'osant m'aventurer au creux de la vague. Je m'accroche aux couleurs vives éblouie de soleil, à tout ce qui bouge en dehors de ma sphère, tout ce à quoi je ne dois pas la pitance, et qui ne se nourrit pas de moi.
À coups de platitudes, je superficialise la souffrance pour la rendre insignifiante, inoffensive, indolore. J'étouffe dans l’œuf son venin pulsatile avant sa migration vers mes contrées fragiles, mes pentes en enfer...
Malgré tout, le silence en sourdine palpite d'espoir, de le voir vaincre mes remparts infranchissables comme jamais je ne serais en mesure de répondre à l'écho.