31° à l’ombre

Quant arrondie la mine bleue
allume le feu me prend aux tripes
penchée bout de langue mordue
sur le blanc de ma page je m’excite
mon encre déliée flamme plus que vive
sous les mots en bataille mène la guerre
et vacille rêvant d’alpaguer la folle émotion
la jouissance rougie d’un flash éphémère
après moi pantelante je reste là à verser l’eau
sur un rêve brûlé papier d’Arménie
d’un vieil amour inconsolable

Errer en vain me froisse

Vertige de la pensée nue
penchée sur le vide infernal
lasse si lasse parfois
à l’heure du regard égaré
dans les affres d’un oubli
l’effroi déploie mes ombres
le noir me dilapide

Du haut de mes décombres
il faut un dieu chercher
pliée sage il faut 
le point devant fixer 
il faut sans m'offusquer
défaire mes poings crispés
oublier de comprendre
il n’y a rien à espérer
il faut si peu et j'ai si mal
faire semblant pour qui ne sait
mentir dressée pour respirer 

Les crépuscules grandioses

Moi et ma plume en osmose
pour débarbouiller le gris fissuré des jours
quand naissent les crépuscules grandioses
nous évadons du noir étouffé entre nous 
et posons sur nos mots inaudibles 
épuisés d'une peine sauvage
nos petits cris même pas rebelles
bulles délitées privées d’air noyées d'eau

Mes courbes profondes

Je suis née gauche à coups de trac
à coups de trique la vie m’a dressée
noyée dans le triste de l’avant garde
bouclier dérisoire par peur de m’éclater
j’ose la peine et un peu des choses
j’use vraiment léger
j’aime le mauve du lilas et les roses
je hume le vent le cœur serré
je suis née gauche douce à réprimer
sur mes travers empruntés la vie a tort
rien à faire et je le sais
pliée d’avance je vais casser