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Katie, à l'Ombre des Mots Songeurs

Poésie entre vie, couleurs et lumières, entre mes ratures et mes baz'Arts

l'histoire de rature rainbow

L'ennui

Publié le 16 Août 2020 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

    L'ennui

 

Le thème de l'ennui, abordé à l'improviste l'autre soir avec des promesses d'échanges futurs sur le sujet, résonne en moi depuis longtemps.

 

La définition du terme ennui, du moins la connotation négative qui lui est donnée le plus souvent par la croyance populaire – cette amorphitude baveuse, n'est pas la bonne pour moi, pour qui je parlerais plus volontiers d'un penchant prononcé pour la solitude contemplative qui a besoin du calme autour afin de bader aux corneilles comme bon me plaît.

 

Même si cela représente le bagne pour moi, je peux comprendre ceux qui ont besoin de bouger sans cesse pour se sentir vivants. Mais je crois aussi que beaucoup bougent, quitte à friser l'overdose, par peur de se retrouver face à leur solitude, face à la vie dans son plus simple appareil.

 

Je définirais mon ennui, comme la capacité à pouvoir rester seule dans la plus totale inaction physique, accompagnée d'une activité cérébrale, plus ou moins forte selon les jours, provoquée par la contemplation toute bête du temps qui passe avec toutes ses splendeurs et ses désolations. Et tout ça, avec un plaisir extrême.

 

Comme une façon de contrebalancer la laideur bien réelle du monde des humains, ma méditation se porte aisément vers les beautés métaphysiques de la vie. Ces petits miracles sans cesse renouvelés qui me laissent bouche-bée à chaque fois, ouvrant un champ illimité à mes divagations intra-muros les plus folles, les plus belles. Comment ne pas se laisser submerger d'émotions devant le spectacle sans cesse renouvelé de la nature à ma fenêtre ?

 

Je ne m'ennuie jamais de cet ennui à ne pas savoir comment remplir mes journées. Vingt-quatre heures, c'est trop peu, et je n'ai qu'un souhait lorsque arrive le soir, que demain, s'il doit venir, revienne vite. Ce demain me permettra peut-être d'avancer dans les mille choses dont ne souhaite pas s'occuper ma tête. Lire quelques livres de la liste énorme et désespérante qui s'allonge chaque jour un peu plus, écrire des poèmes, commenter mes lectures, répondre à tel ou tel message, arroser, couper les fleurs fanées, faire refleurir l'orchidée, essayer une nouvelle recette de pickles, découvrir un matin d'août la verveine épanouie et sortir l'appareil photo pour immortaliser l'instant... La liste est encore trop longue à mon goût de toutes ces activités auxquelles je pourrais si facilement céder cœur et âme, mais qui m'empêchent de rêvasser, et qui auraient tendance, si mon instinct n'y prenait garde, à me couler dans le moule de ces passionnés qui noient le poisson dans leur passion pour oublier de vivre.

 

Jusqu'à aujourd'hui, il m'est arrivé d'envier ceux qui vivent de leur passion, tant il difficile de s'extraire du discours entendu depuis des lustres, qui rabâche la leçon comme quoi vivre c'est bouger, c'est remplir ses journées à ras bord quitte à s'y noyer dedans. Mais je viens de comprendre que la passion n'est qu'une autre façon de s'enfoncer la tête dans le sable pour remplir son temps sans penser à rien d'autre, et je refuse catégoriquement de me laisser enfermer dans une de ces affaires qui m'aguichent sans cesse. Plus que jamais je reste persuadée que seul l'ennui est la vraie vie. L'ascète est celui qui a tout compris, les exercices spirituels et la mortification en moins. Et puis je suis si lasse de ces discours de sourds, où personne n'écoute personne...

 

Plus le temps passe et plus j'ai un besoin vital de ce tête-à-tête avec moi-même pour laisser libre cours à tout ce qui me passe par la tête. Il reste à trouver le néologisme qui exprimera le mieux cet état d'esprit, ni ennui, ni seulement méditation...

 

 

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Léger, comme est la vie...

Publié le 8 Août 2020 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

 

    Léger, comme est la vie

 

      Ou le peu d'importance qu'ont les choses...

 

 

On peut, j'ai essayé, pleurer toutes les larmes de son cœur malmené en croyant expérimenter la peine effroyable de vivre.

 

On peut aussi se rendre compte qu'une vie ce n'est rien. Mais là il m'a fallu pas mal d'années de recul et de remise en question. Ce n'est rien, ou tout du moins, la vie ce n'est pas cet idéal harnaché de magnificence que l'on s'est imaginé au point de se goberger des années entières dans cette erreur monumentale.

 

Après des décennies de batailles contre les moulins à vents, à chercher prises dans les sables mouvants, je reviens du diable Vauvert l'âme en paix, l'esprit lavé de cette poix qui m'engluait dans un drame confectionné de toutes pièces par mon seul désir de croire que la vie est une aventure extraordinaire où tout se joue avec une dimension dramatique.

 

Comme moi, combien d'âmes crédules se sont laissées embarquer dans l'apprentissage appliqué qui formate des générations depuis des lustres ?

 

La seule chose impérative à enseigner pourtant, ce serait la liberté, la vraie de vraie. Elle-même assujettie au respect de l'autre, et puis basta ! La devise serait ''fais ce qui te plaît en prenant toujours soin de ne pas marcher sur les pieds de tes voisins !''.

 

Une fois réalisé que la vie n'est qu'une mince affaire n'ayant pas plus de valeur qu'un souffle de vent, la prendre à bras le corps pour la faire danser comme il plaira à chacun de mener sa danse, est la chose la plus simple du monde.

 

Pour moi il est trop tard pour tout reprendre depuis le début, car j'ai été élevée à la trique et je me suis pas mal rigidifiée dans cette posture inconfortable, encarcanée dans des croyances de jésuites. Cela a été un long et douloureux travail pour me défaire sensiblement de quelques-unes des idées reçues ingurgitées depuis des siècles, qui ont forcément automatisé mes jugements et attitudes d'individu enclavé dans la société.

 

Dans ce monde à la pensée unique, où tout tourne toujours autour d'un même nombril, seule la solitude me régénère et peut m'aider à me retrouver.

 

C'est en souriant d'aise que j'entrevois maintenant la lumière au bout du tunnel, et je peux enfin dire ''La vida, ni fu ni fa !...''.

 

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Comme un soleil, l'insouciance

Publié le 3 Août 2020 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

    Comme un soleil, l'insouciance

 

Elle se gagne et se mérite dès lors que la volonté de vivre au naturel est là.

 

Au naturel, ne veut pas dire bio ou un truc dans le genre de cette mode à la con qui parle sans savoir de quoi elle parle. Non. Au naturel, c'est ce bonheur tout simple qu'il faut s'appliquer à apprécier, à humer dans le moindre recoin de tes heures, le plus petit trou de souris où tu vas te cacher dès que tu le sens approcher.

 

Le bonheur n'est pas un gros mot dont il faut avoir peur. Le bonheur n'a rien d'un idéal à dénicher. Le bonheur, c'est juste de se laisser porter par l'esprit léger. Ce même esprit qui ne demande rien d'autre qu'à divaguer libre, sans le poids d'une quelconque culpabilité.

 

Tu respires l'air pur sans avoir rien demandé. Tu vas, tu viens, libre de tes mouvements. Il ne faut pas en avoir honte. Tu es passée au travers des malheurs qui accablent le monde. Réjouis-toi et fais en sorte de cultiver chaque nouveau jour avec cet aplomb qui fait sa force. Ta force.

 

Les amis de passage qui ne reviendront plus ne sont qu'une goutte de bonheur supplémentaire à déguster quand le moment s'y prête. T'habituer à les perdre ne doit pas t'enlever l'envie, ni le goût de vivre encore...

 

Anesthésie ton cœur trop à vif. Apprends à te laisser porter par ce qui t'arrive de meilleur : le vol d'un oiseau, le parfum d'une rose... et laisse, si tu ne peux faire autrement, rouler rondes tes larmes.

 

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Un rêve par-dessus l'épaule

Publié le 30 Juillet 2020 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

    Un rêve par-dessus l'épaule

 

 

Négligemment jeté d'un revers de mémoire leste, pend dans mon dos le poids du secret. Comme si le geste nonchalant suffisait pour absorber le cruel de la désolation.

 

Le plus étrange, c'est que cela paraît fonctionner à merveille. Nulle désagréable réminiscence ne vient troubler la quiétude apparente des jours endimanchés de sourires.  A peine un arrière-goût amer sur la langue qui laisse transparaître la force du mal, comme une ancienne douleur à laquelle on s'habitue en claudiquant. 

 

Lorsqu'il arrive parfois qu'un semblant de souvenir fugace balaie le décor, mes yeux se troublent aussitôt dans un brouillard déserté d'âme. Un battement de cils suffit à faire fuir l'indécent, un autre à oublier le moment en apnée où bât déjà mon cœur à se rompre.

 

Ainsi fuient les jours, délestés à ras-bord d'oubli...

 

Les nuits sont autrement plus rudes à manipuler. Le sommeil anesthésie ma pleine conscience, dilapidant le travail de ma volonté tenace. Il ne me reste plus alors qu'une seule solution : veiller, immerger les heures sombres dans un blanc opaque qui ne laisse rien filtrer d'hier.

 

Confusément, un leitmotiv gigote au fond de mes pensées, comme une blessure béante. Il y est question d'un non-droit au bonheur simple. Comme un énorme sens interdit qui en aurait barré l'accès, cadenassant l'espoir dans des chaînes monstrueuses d'où je ne pourrais jamais m'échapper.

 

Bizarrement, je ne cherche jamais à lutter, tête baissée, vaincue d'avance...

 

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Un guichet de papier

Publié le 28 Juin 2020 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

  Un guichet de papier

 

Les fleurs,

l'envie,

l'attente...

 

J'aime, aux premières lueurs de l'aube, me perdre dans la tête. Divaguer sans quitter des pieds la terre de tous les jours, les yeux évanouis, les pensées légères embrouillardées osant divaguer de saute-mots en silences pleins du tout-possible, l'aventure de la vie à portée de la main...

 

J'aime ces infimes temps de grâce où tout semble facile au spectacle du merle prenant son bain de rosée.

 

J'aime moins l'émotion revenue du diable Vauvert sans un cri, pour serrer à la gorge, opprimant la poitrine dans son sanglot maladroit, troublant d'infini le pur du regard.

 

J'aime encore moins lorsque mal me prend de retenir l'eau d'une immense tristesse qui dévale l'arrondi des joues pour venir éteindre le vocabulaire à la commissure des lèvres prêtes à entamer le dialogue.

 

 

Un vent timide de liberté cadenassé en une fraction de seconde.

Deux ailes d'ange tranchées net où affleure le sang.

Retour au noir, l'espoir en vrille de franchir un jour la frontière de la peur.

 

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Un p'tit mot logique

Publié le 2 Juin 2020 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

    Un p'tit mot logique

 

 

Adieu.

 

Étymologiquement parlant, je ne connais pas de mot plus simple. Il dit ce qu'il veut dire avec un naturel désarmant. À dieu.

 

C'est direct et net, tel un uppercut en plein cœur.

 

De cette époque lointaine où je me penchais sur les mots pour essayer de comprendre et mieux appréhender la vie – car d'instinct je savais qu'ils en étaient une des clés essentielles, je garde le souvenir limpide de ma lecture du mot ''adieu'', et de ma réaction tranchée et sans état d'âme flagrant.

 

Adieu. Comme le point final d'un être de chair et de sang qui donne rendez-vous aux siens dans un au-delà brumeux et lointain, mais dont on sait pertinemment qu'il n'en sera rien.

 

Puis le temps a coulé, enfouissant sous son sable le souvenir à venir des douleurs inévitables. Les mois, les années... le travail, la maison, les enfants. Tout fait comme il faut, dans l'ordre qu'il faut...

 

Les adieux se sont multipliés sur ma route. Je n'ai su répondre à aucun.

 

Pire, je me suis toujours arrangée, quitte à me rendre exécrable, pour y couper court en refusant de créer ou d'entretenir des liens qui fatalement m'emmèneraient de l'affection débordante au manque insoutenable.

 

Comment peut-on perdre un être cher et s'y résoudre l'âme sereine ? Cela dépasse mon entendement, mes facultés... Lorsque j'y pense trop près, je sens poindre la colère noire et monter l'envie de tout fracasser d'une rage incommensurable.

 

Et puis hier, au détour d'un poème, le maudit mot m'a sauté au visage, resurgissant tel un diable de la tombe où je l'avais enfoui du haut de mes sept ans, m'agressant de remords et de regrets...

 

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Rouge pulsatile

Publié le 21 Mai 2020 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

     Rouge pulsatile

 

 

En donnant un nom au doute, l'angoisse a poissé la terre entière.

 

 

Dans ma ronde en robe de cuir tanné de peur, revêtue pour l'occasion d'une maille tissée serrée, adossée au vide, masque à portée d'envie, j'avance. Un jour vers le haut, un jour vers le bas.

 

Les jours hop, ma mémoire évaporée, un rayon de soleil et trois fleurs épanouies, le meilleur à prendre m'est donné. Les jours flapis, la tête confuse m'entraîne et grisée je m'effondre dans l'escalier.

 

L'alternance est usante. La plainte floue tient davantage d'une insatisfaction dont je ne saisis pas vraiment l'origine. En fait, ce manque me taraude depuis aussi longtemps que je suis en mesure de penser.

 

Ruminer, fulminer devant l'énigme que je représente à mes yeux, faire mine de me désintéresser de tout ce que j'aime pour finalement y arriver très bien, j'ai tout essayé... Vainement. Le fatras tourne en boucle. En commençant par ce besoin récurrent de geindre sur mon sort. Comme s'il fallait finir de lasser mon monde autour. Je suis même en passe de devenir championne, toutes catégories confondues, pour provoquer l'abandon qui me glace le sang, et me poursuit comme une malédiction depuis le jour de l'exode...

 

Pourtant, vivre est d'une simplicité enfantine. Il suffit de se laisser porter par le rythme indolent des jours qui passent, sans espérer en permanence décrocher la lune. Sans compter que je n'ai jamais rêvé d'ôter aucune étoile au ciel. Comme les fleurs, elles sont faites pour agrémenter la prairie céleste, et non pas pour croupir dans un vase rempli d'eau, aussi beau soit-il.

 

En plus, je vis déjà dans un rêve éveillé. Paysage idyllique, que je soigne à la mesure de mes goûts, le soleil généreux, le temps libre à foison pour entreprendre tout ce qui me plaît. Mais la surabondance de cette manne à ciel ouvert me prend souvent à la gorge, me pétrifie à l'heure de choisir. Bras ballants, tout à coup lucide, voilà que je doute et désespère.

 

Alors pourquoi en vouloir toujours davantage quand on sait que tout ne sert qu'à déguiser l'horrible de la vie ?

 

Jouer la comédie est au-dessus de mes forces. Même si parfois, grâce à une volonté de fer, j'arrive à ne voir que l'heureux côté des choses. Il faut en convenir, je ne sais pas vivre en faisant semblant.

 

J'aimerais que l'on m'ôte cette infime partie du cerveau qui me rend si lucide, pour permettre à l'imbécile que je suis de poursuivre sereinement la route qui s'étend à perte de vie...

 

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Au creux des mots

Publié le 5 Avril 2020 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

    Au creux des mots

 

 

On écrit pour aller les uns vers les autres.

 

Et moi j'ai souvent mal à l'écriture. Mal aux mots qui se sont mis à consigner dans un geste banal, et qui m'entraînent si souvent dans leur défaite. Mal à ajuster leurs interstices pour faire battre les cœurs du monde à l'unisson d'un moi épidermique.

 

Par peur que les mots déraillent, qu'ils m'engloutissent jusqu'au bout de la nuit, tremblante au bord du précipice je reste le plus souvent bras ballants, bouche bée suspendue en point d'interrogation, cherchant des brins de réponse dans l'écho du vent.

 

Figée vive dans l'im-posture, ma souffrance me laisse sans voix. Je réponds par le silence aux mots amis. Une force invincible retient mes phrases et m'éloigne de tous ceux que je pourrais aimer, que j'aime déjà...

 

Aimer, c'est la peur de perdre qui s'accepte avec toute l'immensité de son drame. Je ne suis pas en mesure d'affranchir cette peur. Ou alors si mal.

 

J'ai surmonté bien des craintes pourtant, mais celle du vide m'étreint plus que de raison...

 

Je vis le dramatique par anticipation. Les larmes habillées de deuil, je greffe mon imaginaire qui exacerbe l'abandon. Je préfère les jours flous, quand je surnage sur la richesse de l'onde mise en abyme, n'osant m'aventurer au creux de la vague. Je m'accroche aux couleurs vives éblouie de soleil, à tout ce qui bouge en dehors de ma sphère, tout ce à quoi je ne dois pas la pitance, et qui ne se nourrit pas de moi.

 

À coups de platitudes, je superficialise la souffrance pour la rendre insignifiante, inoffensive, indolore. J'étouffe dans l’œuf son venin pulsatile avant sa migration vers mes contrées fragiles, mes pentes en enfer...

 

Malgré tout, le silence en sourdine palpite d'espoir, de le voir vaincre mes remparts infranchissables comme jamais je ne serais en mesure de répondre à l'écho.

 

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Confidences d'une confinée

Publié le 28 Mars 2020 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

 

 

   Confidences d'une confinée

 

 

Quel genre de confinée suis-je ?

 

Sortie des jeux de mots à la con, je dirais que je suis une confinée prise aux tripes. La valse de mes intestins détraqués ces derniers jours est là pour me rappeler mon point sensible : l'après-digestion.

 

A l'annonce de l'état de guerre déclarée par le virus-hécatombe, mon instinct de petit animal sauvage déjà averti en amont par des roulements de tambours lugubres, j'ai fait face avec un ferme sens des réalités, mâtiné toutefois d'un brin de scepticisme. Comme si j'avais eu besoin de ce brin de doute pour éradiquer les effets d'une peur panique tapie dans l'ombre prête à me sauter à la gorge.

 

En clair, j'ai gardé la tête froide en apparence tandis qu'elle cogitait à une vitesse grand-train, mon subconscient devenu le jouet d'un kaléidoscope pris de folie qui faisait tourbillonner des images et des pensées d'apocalypse à l'infini.

 

Ma gestion du stress, si elle m'évite les nausées vomissantes dans un premier temps, passe inexorablement par le tord-boyaux essorage, la fièvre en sourdine et les vertiges trémolos. C'est le prix à payer pour afficher un sourire aux lèvres.

 

Passé ce gros coup de spleen, où j'ai souhaité, comme on enfouirait la tête dans le sable, perdre à tout jamais la raison, je me suis réveillée le matin du neuvième jour avec l'impression de tirer à moi seule une charrette à bras remplie à outrance de toute la lie de l'humanité. Une fatigue extrême a anesthésié mon corps tout entier ainsi que mon esprit, durant les deux jours suivants. Jusqu'à ce que la douleur piquant de toute part prenne le dessus et me fasse redescendre sur Terre.

 

Pour ne pas me laisser contaminer par la panique, je respecte les mesures de précautions sanitaires, veillant toutefois à ce qu'elles ne tournent pas à l'obsession, et surtout, j'évite les informations en continu. Je prends connaissance des dernières nouvelles dans la presse écrite du matin, et le soir j'allume la télé pour les infos de vingt heures.

 

Entre ces deux points repères du jour, j'essaie de continuer la vie le plus normalement possible, prenant juste en compte les nouvelles normes. Le machinal des habitudes permet de rester la tête vide durant quelques moments indispensables pour garder une bonne santé mentale. Je coupe le plus tôt possible tous les ''et si... ?'' qui tournent en boucle dans ma tête, avant qu'ils n'alimentent de trop un pessimisme nocif qui pourrait devenir rapidement l'arme de destruction massive.

 

Bien sûr, je ne peux empêcher quelques flashes de criantes vérités de m'assaillir quand je me crois à l'abri. Lorsque soudain j'ai l'impression de m'étouffer, je me contente d'attendre que l'orage passe en faisant le dos rond et en reprenant tout doucement le contrôle sur ma respiration, en espérant seulement que la trame de mon optimisme ne s'use pas trop vite....

 

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Alea jacta est, ou les dés pipés

Publié le 27 Janvier 2020 par Katie à l'ombre des mots songeurs dans L'histoire de Rature Rainbow

- un petit oiseau attendrissant, qui chasse sa pitance tête à l'envers, ventre doux offert -

 

   Alea jacta est, ou les dés pipés

 

 

A coups de mots et de jours qui passent je dessine mon idéal. Un héros aux pieds d'argile. Toujours le même. Que j'affuble fort et beau d'esprit, bien au-dessus de la moyenne, bien au-delà de ses moyens d'alter ego.

 

Je m'y engouffre en fermant les yeux, ignorant superbement la petite voix qui elle seule sait que je me vautre irrémédiablement en allant vers l'inévitable déconvenue.

 

L'histoire est toujours la même. Une histoire d'égales longueurs d'ondes, de mots qui résonnent en échos suaves et divins, autour desquels va se bâtir mon empire des sens, ma délicieuse volupté et mes désirs hors du commun.

 

J'enguirlande mon quotidien de rêves mijotés à l'unilatérale. Je suis le Yin et le Yang, celle qui raconte, celle qui vit et celle qui crée son propre décor pour mieux en souffrir ensuite.

 

L'histoire est douce car la connivence s'est mise sur son trente-et-un. Un costume sur piédestal que je taille à ma convenance. Parfait sous toutes les coutures, à condition toutefois d'occulter la raison.

 

Cela dure plus ou moins. Au moins, le temps que durent les roses. Au plus, le temps que met le soleil capricieux à darder tous ses feux sur la scène, et que je daigne enfin rejoindre, recroquevillée dans le coin le plus sombre, le plus reculé de l'histoire, la déception. Fidèle compagne de route qui m'attend toujours pieds et poings liés.

 

Je suis la marionnette de mon propre théâtre. Là où d'autres savent écrire des scénarios, je ne peux que les vivre, plongée vive dans l'instantané. La technique, voilà ce qui me fait défaut... Mais je hais les modes d'emploi, les notices explicatives, je dois me brûler les ailes aux feux de la rampe au risque d'y laisser ma peau. Victime consciencieuse et consentante offerte à des dieux barbares pour assouvir des lois obscures qui échappent à mon entendement.

 

Ainsi soit-il !

 

Je n'apprendrais donc jamais...

 

L'intuition est pourtant forte. Je connais le discours par cœur. Dès le premier mot, quand tout reste encore à écrire, déjà la fin clairement s'affiche en bas de page. Pourtant je devine que je pousserai malgré tout jusqu'aux limites d'un suspens monté de toutes parts, dont je ne suis pas dupe, et j'en reviendrai défaite et blessée, les illusions perdues corps et âme encore une fois.

 

Et je ne sais comment me sortir de cette spirale infernale. Ni pourquoi il me faut y revenir sans cesse. Comme si la cuisante désillusion était ma punition pour une faute commise dont je n'ai pas mémoire...

 

 

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