Fondue de ciel
Il y a ces matins où ma pensée glisse sur le vide improbable au-delà de ma fenêtre ouverte sur l'horizon immuable, et m'entraîne vers la méditation chevauchant bride sur le cou au travers mes ciels romantiques qui collent à ma peau.
Ces matins de froide solitude, dans le limpide des choses et leur absence, dans le fond torturé des souvenirs emmêlés au pays de l'angoisse, où naît en silence le siècle des sanglots.
Il y a ces printemps, il y a ces hivers, ces feuilles mortes et fauves d'où renaît la vie. Il y a ces automnes accumulés au fil des jours sans mémoire qui fardent des soleils perdus qui ne reviendront plus.
Il y a ces sillons creusés de mes mains sur la terre. Méandres égarés derrière de noirs roseaux qui bordent la rivière et filent se noyer dans l'immense de la mer.
Il y a les oiseaux de passage et ceux qui ne passeront jamais. Il y a trop de sable éparpillé sur mon chemin pour que les grains se souviennent, trop de lune égarée en janvier.
Je n'ai d'autre littérature que mon âme, cet être dispersé qui dans sa hâte d'exaltée illumine la lumière banale de mes jours ordinaires. Car j'oublie souvent de rêver mes rêves jusqu'au bout. Et lorsque s'ouvre un abîme au milieu de mon âme, j'engloutis les mots imparfaits pour tenter de coller à une réalité à peine vive...