Telle est prise qui croyait prendre
Je ne sais ni pourquoi ni comment le mal aux mots me prend
malgré moi je les prends en otages
pour un oui ou pour un non je prends la plume
je prends toujours je prends...
On le voit bien le verbe se fatigue s'use et se distend
et que dire de mes tics de langage !
En fait et pour le coup reviennent à chaque ligne
avoir et être en font tout autant...
Le pire c'est que je m'en accommode facilement
mais quand le facile devient style la déception guette
comme un juste et nécessaire retour des choses
la langue s'empâte le mal au cœur me prend
Quel sens donner à la situation ?
Remplir le vide absolument ?
Chercher la raison d'être ?
La main sur les yeux pour occulter le néant
je deviens chèvre à tourner autour du dilemme
je veux coûte que coûte retrouver mon soleil
ne plus attendre les bras croisés
dans la posture du yogi effarouché
Dans ma part de ciel la mort et l'angoisse
à coups de becs se taillent la part du lion
emportant un à un tous ceux que j'aime
Fatalement à genou j'encaisse les gnons
devant l'horloge lugubre qui délivre les heures
tête basse je me rends étouffée par la peur
Entre mes doigts paniers percés la vie s'enfuit
je ne sais par quel bout l'apprivoiser
pour éteindre le feu de la soif inextinguible
qui à son tour me prend aux tripes...
- Ce matin, la lune... -