C'est moi, le rayon de soleil de huit heures du matin... tu te souviens de moi ?
Eh comment !
…
Je ne t'attendais pas encore, à peine si je viens d'ouvrir mes croisées.
Tout simplement parce qu'un 24 février on ne s'attend pas au retour si matinal de la lumière, aussi timide soit son éblouissement.
Parce qu'un 24 février on est en droit de penser que l'hiver n'a pas encore exprimé toutes ses colères, même si on est fin prêt à arracher les derniers lambeaux de froid et de nuit.
Je ressentais bien, pourtant, depuis quelques jours, un peu partout, les premiers frissons d'impatience de la vie.
Sur les branches à moitié nues des chênes qui s'habillent des chants d'oiseaux bientôt amoureux,
sur la terre qui éclate sous la pression des tulipes, des jonquilles, des jacinthes prêtes à éclore,
dans la vigueur remontant des racines en gorgeant de sève les écorces.
Alors, quand le rayon de soleil frappe à nouveau à l'angle de mon carreau, pile poil en ce lieu précis qu'il a quitté quelques mois auparavant, je ne peux que penser que le temps passe fichtrement vite.
La Terre, infatigable tourneuse en rond, après un hiver de pacotille s'est déjà requinquée pour grimper au ciel, prête à affronter un nouveau zénith.
Te revoici donc, petit rayon de soleil familier...
Ton sourire me réchauffe l'âme en même temps qu'il inonde de lumière ma cuisine et mes pensées.
Hashimoto. Le nom exotique évoque l'Asie. Peut-être même le nom d'une île paradisiaque entre la mer du Japon et la splendide baie d'Along, près de Cat Ba, qui sait...
Cela se pourrait, mais non, Hashimoto c'est tout bêtement le nom d'une maladie auto-immune qui m'empoisonne la vie depuis quelques années déjà et dont on ne guérit jamais.
Une maladie tellement banale, que l'on a tendance à banaliser encore plus la légion de ses effets handicapants.
On croit qu'il suffit d'avaler la bonne dose de thyroxine de synthèse tous les matins et, hop, la maladie n'existe plus.
Foutaises ! Si on ne la soigne pas, le corps se déglingue petit à petit - c'est quand même une petite glande de rien du tout qui commande tous les rouages de ce fabuleux mécanisme - si on la soigne, on atténue tout ça, mais il reste pas mal de désagréments. Il n'existe pas encore de médoc qui régénère complètement un organe en mode auto-destruction.
Que ce soit à cause de la thyroïde déficiente ou à cause de la molécule inoculée pour parer au manque, un cortège de bobos s'invitent quotidiennement, avec plus ou moins d'intensité selon les jours et en fonction de la capacité d'endurance du métabolisme de chaque individu, voilà les seules variantes.
Je suis la première à penser qu'il existe des maladies autrement plus graves, et que finalement, si c'est la seule épée de Damoclès à me tomber sur la tête, je tire plutôt pas mal mon épingle de ce grand jeu à la con qu'est la vie.
Oui, mais voilà, je commence sérieusement à en avoir ras la casquette d'être une hyper sensible à tout, aux sentiments comme aux molécules.
Il y a longtemps que j'ai décidé de ne pas me complaire dans la sempiternelle plainte en me considérant comme une pauvre victime. Pleurer sur son sort tous les matins n'est pas la meilleure des thérapies pour continuer à avancer du mieux possible.
Pourtant, aujourd'hui, j'ai envie de baisser un peu le masque pour dire haut et fort tout ce qui plombe mon quotidien. Pour que justement, ceux qui partagent mon quotidien arrêtent de penser que ma seule volonté est en cause. Toute ma bonne volonté est utilisée à combattre l'état de grande fatigue dans lequel je me trouve six jours sur sept. Je suis quand même la première punie de ne plus pouvoir faire les grandes balades que j'affectionnais tant, pour ne parler que des balades. Et puis c'est blessant de voir mon esprit de battante continuellement mis en doute, surtout par moi, la principale intéressée.
Hashimoto est une maladie sournoise. Elle laisse à penser qu'on est le seul responsable si notre état physique et psychique se détériore. Le psychisme est fortement impacté quand on se rend compte qu'il y a des choses que l'on ne pourra plus jamais faire, et d'autres qui tout à coup demandent beaucoup d'efforts.
Je sais depuis le début que cela ne sert à rien de se plaindre, ni de chercher un hypothétique coupable. Ce n'est pas mon genre, c'est tout.
Bien sûr, on a envie de hurler de rage quand l'industrie du médicament, en plus, nous empoisonne avec ses excipients, comme si cela ne suffisait pas d'endurer la maladie, mais je suis fataliste de naissance. J'ai hautement conscience de ce que peut le pot de terre contre le pot de fer.
Je ne sais plus qui disait que la plus grave maladie c'est la vie. Et la vie c'est quoi au juste ? Des grosses gouttes de pluie qui tombent doucement. Certains vont passer entre ces gouttes, d'autres se prendre les plus grosses sur la tête et d'autres encore juste se laisser éclabousser par l'eau ou encore s'affaler carrément dans les flaques.
On peut appeler ça aussi, le destin. Il faudrait être bien présomptueux de croire que l'on peut manipuler le destin. On le subit tout bêtement, en essayant plus ou moins de bien tenir son parapluie. Mais nul n'est à l'abri d'un matériel qui peut foirer au moindre coup de vent ou de ses semelles qui dérapent.
Pour avoir lu maints témoignages sur la question, je sais que nous sommes nombreux à vivre ainsi cette maladie, et que quelques autres - j'espère qu'ils réalisent leur chance - vivent sans aucun inconvénient majeur leur maladie, sans les effets pervers du médicament.
Ainsi va la vie. Elle qui n'est jamais juste pour personne, ni dans ses largesses, ni dans ces débordements.
En ce qui me concerne, je voudrais pourtant qu'elle continue ainsi encore longtemps. J'ai tant de choses à vivre encore et chaque instant qui passe est rempli de tant de beauté... J'apprends à les savourer comme ils le méritent, à mon rythme, tout simplement.
Un petit coup de gueule de temps à autre ne peut pas faire de mal, et même si je sais que cela n'intéresse personne, le temps pris pour l'écrire m'a fait du bien.
Je suis aussi en droit de penser que mon témoignage pourrait apporter un peu de réconfort, ne serait-ce qu'à une personne sur cette Terre qui lirait ce message, et qu'ainsi elle se sentirait moins seule le temps d'un instant...
Publié le 19 Février 2019
par Katie à l'ombre des mots songeurs
dansMiam !
- le bouillon fume et mijote –
dommage que l'on ne sache pas encore partager les odeurs !
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Le goût des choses simples
Le riz à ma façon, digne descendant de la paella, en plus pauvre mais tout aussi goûtu.
Il s'agit d'un riz terre-mer safrané, cuisiné aux épices diverses avec quelques restes.
Les proportions sont pour deux bons appétits (trois/quatre si une entrée et de la viande s'invitent au menu).
Les restes dans le frigo :
une tranche de poitrine de porc salée et demie sèche, émincée en petits lardons
l'arête centrale et charnue d'une queue de merlu d'où mon poissonnier avait prélevé les filets pour un repas fish & chips de la veille (sans pâte à frire, sans mayo mais avec des vraies frites dorées maison :))
J'ai rajouté :
un oignon blanc doux émincé (n'importe quel autre peut faire l'affaire)
une gousse d'ail coupée en quatre
deux tomates d'été, coupées en deux et congelées au mois d'août dernier
du sel, deux dosettes de safran poudre, une pincée de curcuma, une autre de curry doux, une autre encore de paprika (l'idéal aurait été du pimentón molido, pour remplacer un peu la touche marquante du poivron rouge)
Dans une grande poêle huilée :
faire revenir tous les ingrédients, dans l'ordre de la liste, une fois fondus et dorés, bien les mélanger
ajouter de l'eau (3 mesures et demie pour une de riz)
laisser bouillonner 15 minutes environ
puis verser en pluie 1 grand verre de riz rond espagnol spécial paella
rectifier l'assaisonnement si nécessaire
faire cuire 20 minutes à feu alluré, ne pas avoir peur de rajouter en cours de cuisson un peu d'eau si le riz s'assèche trop, puis couvrir une fois le feu éteint, le temps de dresser la table, un temps de repos qui rend le riz meilleur encore à la dégustation
servir, arroser avec largesse d'un bon jus de citron et déguster sans plus tarder
Miam !...
(désolée pour la photo du plat abouti, l'accu pile de mon appareil photos s'est déchargé avant la fin de la cuisson)