Etre aux anges
Comme souvent après ma douche et ses longues minutes de savonnage-bonheur sous une eau brûlante, j’étais larguée à l’ouest. Lorsque tout à coup, traçant d’un geste rendu habile par des années de pratique le trait prune au ras de mes cils, j’accroche mon regard.
La pupille est outrageusement dilatée, comme emportée par les pensées profondes qui sont mon lot du matin devant ma glace.
J’illumine d’un sourire ce qui me passe par la tête. En vrai ce sont des sensations de béatitude plus que des images.
Une envie subite de me laisser aller à cette sensualité inconnue m’engourdit toute entière. Rien ne résiste. C’est avec une volupté intense que je me noie dans cette nuit de velours qui avale sa lumière et m’engloutit entière.
L’heure, le lieu, plus rien n’existe, juste faire durer l’éternité.
Lentement, comme en apesanteur, les choses se remettent à leur place. Les jambes en coton, je reviens au réel. Je bats des paupières comme on se pince. Je n'ai pas rêvé ces instants douceur !
Rien ne presse. Le tic-tac de l’horloge ne s’est pas encore emballé. La trotteuse trottine, les minutes prennent leur temps.
J’étais divinement bien nichée au creux de cet espace sans mesure, sans nom...